La construction du territoire des Cévennes est indéniablement rattachée à la pratique pastorale qui se maintient toujours dans les paysages. L’agro-pastoralisme démontre sa pertinence pour répondre aux enjeux sociétaux, économiques et écologiques de demain.
Randonneurs à pied, à vélo ou à dos d’ânes, touristes français et étrangers, ramasseurs de champignons, chasseurs, cavaliers, loueurs d’hébergements, offices de tourisme, photographes et peintres, éditeurs de cartes postales ou de beaux livres, amateurs de côtelettes d’agneau et nostalgiques de la doudoune en laine, qui, ici et ailleurs, ne bénéficie pas de la beauté légendaire des paysages cévenols et caussenards, créée par plus de 3 000 ans de travail ?
Car ces espaces, certes naturels, ne sont en rien sauvages. Leur existence est intrinsèquement liée à l’agro-pastoralisme, une pratique agricole qui favorise l’utilisation des parcours et le pâturage dans les milieux naturels. « Les paysages cévenols, créés par l’activité pastorale, sont un patrimoine commun, reconnus universellement par l’Unesco depuis 2011 comme représentant une culture spécifique de notre région. Ce patrimoine doit être préservé et l’activité maintenue », a déclaré Christophe Rivenq, président d’Alès Agglomération lors d’une rencontre avec des délégations catalanes et italiennes, à Alès le 24 septembre, dans le cadre d’un projet de coopération européenne pour la défense du pastoralisme.
L’agro-pastoralisme, un patrimoine commun à préserver
S’il conserve l’image d’un savoir-faire traditionnel, l’agro-pastoralisme concentre aujourd’hui toutes les vertus d’un modèle agricole moderne, innovant et éco-responsable. Pourtant, le métier souffre d’un manque de reconnaissance criant et les éleveurs, sans les aides de la Politique agricole commune de l’Union européenne, ne pourraient joindre les deux bouts dans un marché, certes dynamique, mais où la concurrence est rude avec la Nouvelle-Zélande et l’Australie notamment.
Les acteurs de cette filière s’organisent en groupements et associations d’éleveurs et se démènent pour que leur existence ne se limite pas à un acquis parfois observé à travers la vitrine “muséographique” ou la carte postale du berger menant son troupeau à l’estive. Agriculteurs, élus et techniciens des chambres d’agriculture et des collectivités défendent l’agro-pastoralisme comme une force vive agricole du territoire fédérant autour d’elle des enjeux de portée aussi bien économique que culturelle, touristique qu’environnementale et dont la puissance d’attractivité à l’échelle mondiale n’est plus à prouver.
Libérer les friches foncières, pousser à l’installation de nouveaux agriculteurs, développer de nouvelles formes pastorales forestières et agroforestières, protéger la ressource en eau, moderniser les outils de transformation et accompagner les micro-filières comme la laine, les défis ne manquent pour les bergers et leurs partenaires.