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Des facteurs variés tels que les politiques publiques en faveur du relogement des populations démunies, la promotion de la privatisation des droits fonciers agricoles, ainsi que plus généralement la croissance économique ont favorisé l’étalement urbain dans les principales villes du Maghreb dont Meknès au Maroc. Cette urbanisation s’intensifie au détriment des terres à fort potentiel agronomique malgré les lois pour la préservation des terres agricoles. À Meknès, les agriculteurs familiaux situés en périphérie urbaine ont fourni la grande majorité du foncier constructible. Cet article présente la diversité des stratégies foncières de ces agriculteurs qui témoignent de la prise en compte de la nouvelle donne foncière, ainsi que des capacités de résistance ou de négociation des acteurs. Pour une majorité des agriculteurs propriétaires de leurs parcelles, la vente des terres a permis des investissements dans différents secteurs (transport, commerce…), mais aussi dans l’agriculture, in situ ou via l’achat de terres loin de la ville. Une minorité a préféré conserver ses terres afin d’éviter la vente à des intermédiaires et s’inscrit dans une stratégie d’attente spéculative. Par contre pour les agriculteurs exploitant des terres collectives sans droit de propriété privée, les stratégies sont de défense ou de conflit, dans un contexte où leurs capacités de négociation des prix ou de refus de la cession sont quasi nulles. De façon plus générale, ces processus spéculatifs favorisent l’achat des terres de l’ensemble de la plaine par des investisseurs et des néo-agriculteurs en zone périurbaine comme en zone rurale. L’accroissement du prix de la terre fertile en zone périurbaine entraine celui du prix des terres de même qualité en zone rurale et donc fragilise l’agriculture familiale au Maroc qui n’est plus en mesure de s’opposer aux investisseurs et grands propriétaires terriens sur un marché foncier de plus en plus spéculatif.